SEMINAIRE D'ANALYSE NUMERIQUE
Année universitaire 2012-2013
Jeudi 7 février 2013 :
Lucas CHESNEL
(ENSTA ParisTech)
Étude de quelques problèmes de transmission avec changement de signe. Application aux métamatériaux.
Dans cette présentation, nous étudions quelques opérateurs présentant un changement de signe dans
leur partie principale. Ces opérateurs apparaissent notamment en électromagnétisme lorsqu’on s’intéresse à la
propagation des ondes dans des structures constituées de matériaux usuels et de matériaux négatifs en régime
harmonique. Ici, nous appelons matériau négatif un matériau modélisé par une permittivité diélectrique et/ou
une perméabilité magnétique négative(s). En raison du changement de signe des coefficients physiques, on ne
peut utiliser les outils classiques pour étudier ce problème.
Dans la première partie de cette présentation, nous nous concentrons sur le problème de transmission scalaire
auquel on peut réduire les équations de Maxwell lorsque la géométrie et les données présentent une invariance
dans une direction. Avec la technique de la T-coercivité, basée sur des arguments géométriques, nous établissons
des conditions nécessaires et suffisantes pour prouver le caractère bien posé de ce problème en domaine borné
dans H1. Nous montrons également comment on peut utiliser cette approche pour justifier la convergence des
méthodes usuelles d’approximation par éléments finis.
Dans un deuxième temps, au moyen de techniques différentes, issues de l’étude des équations elliptiques dans
des domaines à géométrie singulière, nous définissons un nouveau cadre fonctionnel pour recouvrer le caractère
Fredholm lorsque celui-ci est perdu dans H1. Il apparaît alors un phénomène surprenant de trou noir. Tout
se passe comme si des ondes étaient aspirées en un point. Nous réalisons ensuite une étude asymptotique par
rapport à une petite perturbation de l’interface entre le matériau positif et le matériau négatif dans ce cadre fonctionnel.
Au cours de notre analyse, nous mettons en évidence un curieux phénomène de valeur propre clignotante.
La troisième partie est consacrée à l’étude des équations de Maxwell. Nous travaillons d’abord sur les équations
de Maxwell 2D en exploitant les résultats obtenus pour le problème scalaire. Puis, nous nous intéressons
aux équations de Maxwell 3D. Nous montrons qu’elles sont bien posées dès lors que les problèmes scalaires associés
sont bien posés.
Enfin, dans une quatrième partie, nous étudions le problème de transmission intérieur apparaissant en théorie
de la diffraction. L’opérateur pour ce problème présente également un changement de signe dans sa partie
principale. Nous abordons son étude en utilisant l’analogie existant avec le problème de transmission entre un
matériau positif et un matériau négatif. Certaines configurations pour ce problème de transmission intérieur
conduisent à considérer un problème de transmission du quatrième ordre avec changement de signe. Nous prouvons
que cet opérateur présente des propriétés étonnamment différentes de celles de l’opérateur scalaire du second
ordre.
Pour plus de détails concernant ces quatre parties, l’on pourra consulter respectivement [1, 5], [3], [2] et [4,
chapitres 11-12].
Références
[1] A.-S. Bonnet-Ben Dhia, L. Chesnel et P. Ciarlet Jr. : T-coercivity for scalar interface problems between
dielectrics and metamaterials. Math. Model. Numer. Anal., 46(06):1363–1387, 2012.
[2] A.-S. Bonnet-Ben Dhia, L. Chesnel et P. Ciarlet Jr. : T-coercivity for the Maxwell problem with
sign-changing coefficients. hal-00762275, 24 pages, 2012.
[3] A.-S. Bonnet-Ben Dhia, L. Chesnel et X. Claeys : Radiation condition for a non-smooth interface
between a dielectric and a metamaterial. Math. Models Meth. App. Sci., Accepté, 33 pages, 2012.
[4] L. Chesnel : Étude de quelques problèmes de transmission avec changement de signe. Application aux
métamatériaux. Thèse de doctorat, École Polytechnique, 2012.
[5] L. Chesnel et P. Ciarlet Jr. : T-coercivity and continuous Galerkin methods : application to transmission
problems with sign changing coefficients. Numer. Math., Accepté, 28 pages, 2012.